Un fait historique

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En face de l'abbaye d’Alne, sur la rive gauche de la Sambre, à la limite du territoire de Leernes, existe une enceinte rectangulaire, d'environ six mètres carrés, qui semble avoir été fortifiée et que l'on appelle vulgairement le camp ou le château des Gueux. De cette enceinte, située sur Leernes, la vue s'étend, dit M. Van Bastelaer, au loin en amont et en aval de la Sambre, entre les nombreux sommets qui s'avancent de droite et de gauche à chaque tournant de la rivière. M. Van Bastelaer en a déduit que ce point a pu être utilisé autrefois pour la correspondance, par feux et fanaux, avec les plateaux élevés que l'on voit vers le haut et vers le bas de la Sambre et ou l'on a constaté des restes de retranchements primitifs remontant aux temps préhistoriques.

On croit aussi que le château des Gueux tira son nom de ce que les insurgés, dits Gueux, qui luttèrent contre l'Espagne, s'y retranchèrent en 1568 et y élevèrent des travaux de défense.

En 1794, l'armée française de Sambre-et-Meuse, commandée par Pichegru et Charbonnier, ayant passé la Sambre, occupa le plateau de l'Espinette dépendant des communes de Leernes et de Landelies, et lutta contre les Autrichiens pendant plus de six semaines pour la possession de la ville de Fontaine-l’Évêque, qui fut prise et reprise par les deux armées ennemies. C'est du camp de l'Espinette que Charbonnier alla incendier les abbayes d’Alne et de Lobbes et le château de Mariemont.

Les républicains français, s'ils apportèrent, soi-disant, la liberté, n'enrichirent pas le pays. D'un acte du 6 juin 1795, il résulte que les bourgeois de Leernes et Wespes, assemblés ce jour dans l'école, en présence de deux notaires, attestèrent, du moins la plus grande partie d'entre eux, qu'ils se trouvaient réduits à la misère, au point de manquer de pain, par suite de l'extrême rareté du grain ; qu'ayant vendu ce qu'ils possédaient pour pouvoir se procurer du grain, ils n'avaient plus d'autre ressource que d'engager les biens de la communauté en garantie d'un emprunt destiné à être réparti entre tous, pour atteindre l'époque de la récolte de la moisson. Les comparants autorisèrent unanimement leur bourgmestre-régent, Georges Thomas, à emprunter une somme de 1300 écus d'Espagne pour être distribuée, à raison de 10 écus environ, à chaque chef de famille bourgeoise, et à donner en hypothèque tous leurs bois, contenant environ 300 bonniers, et les autres revenus de la communauté.

Le 30 juin suivant, la moitié de cette somme, soit 650 écus argent d'Espagne, l'écu aux couronnes de France à 9 escalins, 2 patards 4 deniers, argent courant de Brabant, fut prêtée par Nicolas Marcq, échevin et fermier de la Jonchière, aux conditions du recès du 6 de ce mois.